comment
| - Métastase est sans doute le poète dont le style et les conceptions dramatiques ont le plus profondément marqué l'histoire de l'opéra. Issu d'un milieu modeste, il fut élevé dans la maison de son parrain, le cardinal Ottoboni, puis fut recueilli par le grand érudit Gian Vicenzo Gravina, qui transforma son nom, en l'hellénisant, de Trapassi en Metastasio. Il fut membre de l'Académie d'Arcadie, à Rome, puis alla s'établir à Naples, où il fréquenta le cercle du compositeur et pédagogue Porpora. C'est là qu'il écrivit son premier livret d'opéra Didone abbandonata (1724). Il se trouvait à nouveau à Rome lorsque la cour d'Autriche lui proposa l'une des fonctions les plus enviées de son temps : celle de poète impérial, comme successeur d'Apostolo Zeno. Il s'installa à Vienne en 1730 et ne quitta plus l'Autriche jusqu'à sa mort, en 1782.
Mais cet enracinement dans un pays étranger ne doit pas faire illusion : Métastase n'écrivit jamais que dans sa langue maternelle, et sa volumineuse correspondance montre que c'est vers ses compatriotes (en particulier le castrat Farinelli) que restaient tournées ses sympathies. La postérité de ses uvres dramatiques, elle, s'étendit à tout le monde occidental : à peine un de ses livrets d'opéra ou d'oratorio avait-il été mis en musique (pour la plupart à Rome, puis à Vienne) qu'il se propageait dans tous les grands théâtres d'Europe, de Palerme à Stockholm, de Lisbonne à Londres et à Saint-Pétersbourg à l'exception de la France. Cette vogue se poursuivit en plein XIXe siècle, avec, par exemple, la Semiramide de Meyerbeer (Turin, 1819), ou l'Ipermestra de Mercadante (Naples, 1825). L'esthétique de l'opéra métastasien procède de l'Académie d'Arcadie, qui fleurit à Rome à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. En réaction contre le mélange des genres, qui caractérisait en particulier l'opéra vénitien, les arcadiens préconisèrent une intrigue plus dépouillée, à l'exemple de la tragédie classique française.
Les 27 livrets d'opéra de Métastase sont presque tous tirés de l'Antiquité gréco-romaine et représentent les traditionnels conflits entre l'amour et le devoir, l'ambition politique et le respect d'autrui, entre la haine et la vertu du pardon. L'éventail formel de l'opéra s'y réduit à sa plus simple expression : l'alternance entre l'air et le récitatif, avec un ensemble à la fin de chaque acte. Mais la richesse des images poétiques et une répartition harmonieuse des mots clefs font des textes de Métastase le support idéal d'un style musical lui aussi chargé de rhétorique. Parmi la première génération de compositeurs qui illustrèrent ses livrets, citons Vinci (Didone abbandonata, 1726), Hasse (Artaserse, 1730), Pergolèse (Olimpiade, 1735). L'adéquation des livrets aux exigences des compositeurs diminue avec une nouvelle génération de musiciens, au premier rang desquels Traetta, Galuppi, Jommelli et Piccinni. Il devient alors de plus en plus fréquent de retoucher les textes de Métastase, par exemple en les réduisant de 3 à 2 actes et en y ajoutant des ensembles (Il Re pastore de Mozart, 1775) et des churs (La Clemenza di Tito de Mozart, 1791). (fr)
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| - Métastase est sans doute le poète dont le style et les conceptions dramatiques ont le plus profondément marqué l'histoire de l'opéra. Issu d'un milieu modeste, il fut élevé dans la maison de son parrain, le cardinal Ottoboni, puis fut recueilli par le grand érudit Gian Vicenzo Gravina, qui transforma son nom, en l'hellénisant, de Trapassi en Metastasio. Il fut membre de l'Académie d'Arcadie, à Rome, puis alla s'établir à Naples, où il fréquenta le cercle du compositeur et pédagogue Porpora. C'est là qu'il écrivit son premier livret d'opéra Didone abbandonata (1724). Il se trouvait à nouveau à Rome lorsque la cour d'Autriche lui proposa l'une des fonctions les plus enviées de son temps : celle de poète impérial, comme successeur d'Apostolo Zeno. Il s'installa à Vienne en 1730 et ne quitta plus l'Autriche jusqu'à sa mort, en 1782.
Mais cet enracinement dans un pays étranger ne doit pas faire illusion : Métastase n'écrivit jamais que dans sa langue maternelle, et sa volumineuse correspondance montre que c'est vers ses compatriotes (en particulier le castrat Farinelli) que restaient tournées ses sympathies. La postérité de ses uvres dramatiques, elle, s'étendit à tout le monde occidental : à peine un de ses livrets d'opéra ou d'oratorio avait-il été mis en musique (pour la plupart à Rome, puis à Vienne) qu'il se propageait dans tous les grands théâtres d'Europe, de Palerme à Stockholm, de Lisbonne à Londres et à Saint-Pétersbourg à l'exception de la France. Cette vogue se poursuivit en plein XIXe siècle, avec, par exemple, la Semiramide de Meyerbeer (Turin, 1819), ou l'Ipermestra de Mercadante (Naples, 1825). L'esthétique de l'opéra métastasien procède de l'Académie d'Arcadie, qui fleurit à Rome à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. En réaction contre le mélange des genres, qui caractérisait en particulier l'opéra vénitien, les arcadiens préconisèrent une intrigue plus dépouillée, à l'exemple de la tragédie classique française.
Les 27 livrets d'opéra de Métastase sont presque tous tirés de l'Antiquité gréco-romaine et représentent les traditionnels conflits entre l'amour et le devoir, l'ambition politique et le respect d'autrui, entre la haine et la vertu du pardon. L'éventail formel de l'opéra s'y réduit à sa plus simple expression : l'alternance entre l'air et le récitatif, avec un ensemble à la fin de chaque acte. Mais la richesse des images poétiques et une répartition harmonieuse des mots clefs font des textes de Métastase le support idéal d'un style musical lui aussi chargé de rhétorique. Parmi la première génération de compositeurs qui illustrèrent ses livrets, citons Vinci (Didone abbandonata, 1726), Hasse (Artaserse, 1730), Pergolèse (Olimpiade, 1735). L'adéquation des livrets aux exigences des compositeurs diminue avec une nouvelle génération de musiciens, au premier rang desquels Traetta, Galuppi, Jommelli et Piccinni. Il devient alors de plus en plus fréquent de retoucher les textes de Métastase, par exemple en les réduisant de 3 à 2 actes et en y ajoutant des ensembles (Il Re pastore de Mozart, 1775) et des churs (La Clemenza di Tito de Mozart, 1791). (fr)
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