"On ne saurait trouver meilleure illustration du combat en musique que la Quatri\u00E8me Symphonie de Tcha\u00EFkovski, temp\u00EAte int\u00E9rieure marqu\u00E9e au fer du fatalisme : celui du destin qui nargue le compositeur. Ici, le lyrisme introspectif est pr\u00E9texte au romantisme le plus exacerb\u00E9, coul\u00E9 dans la lave orchestrale. Mais cette partition est aussi ascension de l\u2019ombre vers la lumi\u00E8re, soif de f\u00E9licit\u00E9. Richard Strauss se montre plus r\u00E9sign\u00E9 dans ses M\u00E9tamorphoses achev\u00E9es en 1945, sous le coup de l'\u00E9motion caus\u00E9e par la d\u00E9vastation d'une partie de l'Allemagne. Dans ce sublime adagio, le titre ambigu \u00E9voque autant l\u2019\u00E9volution vers la sagesse que la transformation permanente des harmonies : une mani\u00E8re pour Strauss d\u2019offrir un m\u00E9morial \u00E0 la culture allemande saccag\u00E9e par la folie hitl\u00E9rienne. Quant \u00E0 Stravinsky, il fait du combat le th\u00E8me du ballet Agon : le langage diatonique se frotte avec la technique s\u00E9rielle, le pass\u00E9 avec le pr\u00E9sent au fil de ces Sarabandes ou Gaillardes, formes emprunt\u00E9es au XVIIe si\u00E8cle investies d\u2019une langue \u00E9conome et tranch\u00E9e, o\u00F9 motifs et blocs instrumentaux esquissent un corps \u00E0 corps percussif et d\u00E9capant. Dans son Bol\u00E9ro, Ravel oppose un motif obsessionnel \u00E0 une orchestration kal\u00E9idoscopique qui s\u2019\u00E9toffe inexorablement : la m\u00EAme motorique, sublim\u00E9e, anime l\u2019op\u00E9ra Doctor Atomic de John Adams, vu comme \u00AB le Faust am\u00E9ricain du XXe si\u00E8cle \u00BB. La pi\u00E8ce symphonique qui en est tir\u00E9e nous plonge dans les tiraillements int\u00E9rieurs d\u2019Oppenheimer face \u00E0 sa machine de mort, entre fanfares d\u2019apocalypse et d\u00E9chirements de cordes. Mendelssohn aura lui aussi bataill\u00E9\u2026 contre sa propre plume, pour faire entrer tous les contrastes et paysages de l\u2019Ecosse dans sa Troisi\u00E8me Symphonie. Mais le jeune F\u00E9lix de vingt ans a gagn\u00E9 son pari : le pr\u00E9gnant Adagio suffit \u00E0 plonger l\u2019auditeur dans une communion totale avec m\u00E8re Nature."@fr . "The Cleveland Orchestra - Franz Welser-M\u00F6st" . . . "concert"@fr . "The Cleveland Orchestra - Franz Welser-M\u00F6st" . . . . . . "e11600" . . . . . "On ne saurait trouver meilleure illustration du combat en musique que la Quatri\u00E8me Symphonie de Tcha\u00EFkovski, temp\u00EAte int\u00E9rieure marqu\u00E9e au fer du fatalisme : celui du destin qui nargue le compositeur. Ici, le lyrisme introspectif est pr\u00E9texte au romantisme le plus exacerb\u00E9, coul\u00E9 dans la lave orchestrale. Mais cette partition est aussi ascension de l\u2019ombre vers la lumi\u00E8re, soif de f\u00E9licit\u00E9. Richard Strauss se montre plus r\u00E9sign\u00E9 dans ses M\u00E9tamorphoses achev\u00E9es en 1945, sous le coup de l'\u00E9motion caus\u00E9e par la d\u00E9vastation d'une partie de l'Allemagne. Dans ce sublime adagio, le titre ambigu \u00E9voque autant l\u2019\u00E9volution vers la sagesse que la transformation permanente des harmonies : une mani\u00E8re pour Strauss d\u2019offrir un m\u00E9morial \u00E0 la culture allemande saccag\u00E9e par la folie hitl\u00E9rienne. Quant \u00E0 Stravinsky, il fait du combat le th\u00E8me du ballet Agon : le langage diatonique se frotte avec la technique s\u00E9rielle, le pass\u00E9 avec le pr\u00E9sent au fil de ces Sarabandes ou Gaillardes, formes emprunt\u00E9es au XVIIe si\u00E8cle investies d\u2019une langue \u00E9conome et tranch\u00E9e, o\u00F9 motifs et blocs instrumentaux esquissent un corps \u00E0 corps percussif et d\u00E9capant. Dans son Bol\u00E9ro, Ravel oppose un motif obsessionnel \u00E0 une orchestration kal\u00E9idoscopique qui s\u2019\u00E9toffe inexorablement : la m\u00EAme motorique, sublim\u00E9e, anime l\u2019op\u00E9ra Doctor Atomic de John Adams, vu comme \u00AB le Faust am\u00E9ricain du XXe si\u00E8cle \u00BB. La pi\u00E8ce symphonique qui en est tir\u00E9e nous plonge dans les tiraillements int\u00E9rieurs d\u2019Oppenheimer face \u00E0 sa machine de mort, entre fanfares d\u2019apocalypse et d\u00E9chirements de cordes. Mendelssohn aura lui aussi bataill\u00E9\u2026 contre sa propre plume, pour faire entrer tous les contrastes et paysages de l\u2019Ecosse dans sa Troisi\u00E8me Symphonie. Mais le jeune F\u00E9lix de vingt ans a gagn\u00E9 son pari : le pr\u00E9gnant Adagio suffit \u00E0 plonger l\u2019auditeur dans une communion totale avec m\u00E8re Nature."@fr .